Il s'agit de ne pas célébrer la liturgie comme s'il s'agissait, pour la communauté, de se présenter elle-même, en veillant à ce que chacun apporte une part de soi même, si bien qu'au bout du compte seul ce "moi-même" serait important.
Il s'agit plutôt de nous fondre dans quelque chose de beaucoup plus grand; de nous sortir en quelque sorte de nous mêmes et de pouvoir aller au loin. C'est la raison pour laquelle il est tellement important que la liturgie ne soit pas "bricolée", si je puis m'exprimer ainsi.
La liturgie est en vérité un processus par lequel on se laisse guider dans la grande foi et la grande prière de l’Église. C'est pour cette raison que les premiers chrétiens priaient vers l'est, vers le soleil levant, le symbole du Christ qui revient. Ils voulaient montrer ainsi que le monde entier va vers le Christ et qu'Il embrasse totalement ce monde.
Ce lien entre le ciel et la terre est très important. Ce n'est pas un hasard si les anciennes églises étaient construites de telle sorte que le soleil projette ses rayons dans la nef à un moment bien précis. Aujourd'hui, justement, alors que nous reprenons conscience de l'importance des interactions entre la terre et le cosmos, on devrait aussi reconnaitre de nouveau le caractère cosmique de la liturgie. Et tout autant ce qu'elle à d'historique. Ce n'est pas un individu quelconque qu'il l'a inventée à une date quelconque, elle a connu une croissance organique depuis Abraham. On retrouve dans la liturgie, des éléments de ce type, qui remontent aux temps les plus anciens.
Benoit XVI
Extrait de "Lumière du Monde" (Entretiens avec Peter Seewald, Bayard, 2010).
