"L'intérieur caché métamorphosera complètement l'extérieur apparent."
Saint Grégoire de Nysse

27.9.10

Non à la stigmatisation des minorités.



Communiqué du Parti Solidarité.


"C’est avec une vive inquiétude que le parti Solidarité – Liberté, Justice et Paix constate les dérives croissantes du gouvernement français et l’impasse morale dans laquelle il entraîne notre nation. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence, et la création d’un ministère associant identité nationale et immigration, comme si le second était systématiquement la cause des problèmes du premier, le gouvernement s’est ménagé une porte de sortie face à la crise économique : réveiller nos pulsions xénophobes afin de pouvoir désigner le moment venu les boucs émissaires choisis pour porter la responsabilité de ses échecs.

C’est chose faite avec ce qu’il est convenu désormais d’appeler la « question Roms ». Dans cette affaire, les plus hauts responsables de notre gouvernement ont montré leur capacité à mentir impunément autant à leurs citoyens qu’aux autorités de régulation qu’ils ont eux-mêmes contribuées à mettre en place pour éviter ce genre de dérives. Ils ont également montré leur capacité à renouer sans scrupule avec la notion de responsabilité collective et avec la désignation de minorités ethniques à la vindicte populaire. Le président aura beau marteler encore et encore qu’il ne stigmatise personne, il ne fera que s’enferrer dans le mensonge : la réunion qu’il a convoqué cet été sur la question des Roms et qui a donné lieu à l’émission de la circulaire du 5 août en est une preuve accablante. Faut-il encore rappeler combien la désignation comme indésirables de catégories de personnes en raison de leur naissance ou de leur nationalité constitue une grave atteinte à la dignité humaine ?

La question de la sécurité met parfois les autorités devant des choix difficiles. Les autorités ont le devoir de faire respecter la loi, la même pour tous, et il est donc légitime d’intervenir dans les cas de campements illicites. Mais ces interventions, en particulier les démantèlements quand ils s’avèrent nécessaires, doivent se faire dans le respect de la dignité des personnes et dans le respect de leurs biens. Il faut souligner que respecter la loi n’est pas un devoir que pour les Roms ou les gens du voyage : c’est aussi, pour les communes, respecter leurs obligations en matière de mise à disposition d’emplacements salubres pour les itinérants.

En outre, il est important que le gouvernement mette tout en œuvre pour protéger la dignité des personnes en amont de ces situations extrêmes, en particulier le droit des plus jeunes, et le devoir pour leurs parents à leur procurer une instruction jusqu’à l’âge de 16 ans. L’école est la première des solutions pour sortir les enfants de la rue et faire cesser ce scandale des enfants contraints à mendier.

Parallèlement, la France doit prendre des mesures pour que la misère et l’exclusion ne soit une fatalité pour personne. S’agissant des Roms, nous demandons que soit retirée la taxe que doivent payer à l’Office français de l’immigration et de l’intégration les employeurs désireux d’embaucher un travailleur étranger, et qui depuis le 1er juillet 2008 reste une restriction pour l’accès au marché de l’emploi spécifique aux ressortissants Roumains ou Bulgare. Il y a là une discrimination intolérable. Nous attirons aussi l’attention du gouvernement sur le fait que des villages d’insertion expérimentaux ont donné d’excellents résultats en matière d’intégration des communautés Roms et qu’il y a là une alternative à l’expulsion pure et simple.

Enfin, pour endiguer les flux de migrations de Roms déracinés, parce qu’exclus et condamnés à être marginalisés dans leur pays d’origine, la France doit absolument inciter ses entreprises présentes en Roumanie à ne pas faire le jeu de cette discrimination et à montrer l’exemple, en favorisant l’intégration des communautés Roms sur place. Elle peut également accompagner cette intégration par du conseil, de la formation et des aides au financement par le microcrédit. Tout ceci peut largement être mis en œuvre par un tissu associatif sérieux et compétent en partenariat avec les entreprises sur place, dans la mesure où le gouvernement français se montrera moteur et caution de telles initiatives, et en assurera la pérennité sur le plan diplomatique. Dans ce domaine, la France peut devenir un exemple de solidarité au regard des autres pays européens, fidèle à sa tradition de promotrice des droits de l’homme, plutôt que de devenir, comme le gouvernement actuel s’escrime à le faire, la honte de l’Europe.

Parce que le parti Solidarité – Liberté, Justice et Paix espère et veut proposer un vrai projet de civilisation, ses membres veulent donc dénoncer les dérives irresponsables et injustes de la politique actuelle du gouvernement. Nous voulons rappeler qu’on ne peut jamais confondre une personne avec ses actes ; encore moins toute une catégorie de personnes avec les actes de quelques-uns. Et nous voulons rappeler que le gouvernement a des responsabilités dans la gestion de notre pays qu’il ne peut indéfiniment les faire porter aux citoyens issus de l’immigration et aux étrangers. 

Si notre pays continue dans cette voie, l’espérance d’une civilisation juste, d’une civilisation de l’Amour, se fera de plus en plus sourde au point d’en devenir totalement inaudible. Faudra-t-il que ce soit sur les ruines d’une nation détruite par les fautes morales répétées d’un gouvernement à la dérive que nous projetions de bâtir cette civilisation ? Ou saurons-nous nous réveiller à temps et reprendre, point par point, un chemin de justice ?"